Les éclaircies - Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize
L'exposition
Les éclaircies
Une exposition de Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize
Avec une sélection de pièces issues du musée d'art et d'histoire de Saint-Brieuc
et la projection du film Les bêtes sauvages d'Élélonore Saintagnan et Grégoire Motte
Exposition du 5 juillet au 21 septembre 2025
L’exposition Les éclaircies rassemble des pièces de la collection du musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc, qui fait face au Pavillon et des œuvres de Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize. Le duo d’artistes a été invité à explorer le fonds du musée afin d’y choisir des pièces issues des arts décoratifs ou de la tradition de la peinture de paysage et d’engager un dialogue avec son propre travail. Une rencontre, un croisement des genres que les Lamarche-Ovize initient depuis toujours, tant leurs œuvres sont elles-mêmes truffées d’emprunts et de références multiples aux savoir-faire populaires, à l’iconographie des sciences naturelles ainsi qu'aux arts appliqués.
Leurs pièces ne sont jamais inscrites dans un seul registre de citations, elles entremêlent les styles et les motifs. Elles traduisent une curiosité et une recherche foisonnante que les carnets à dessins du duo compilent. Tout commence en effet ici par le dessin. Il vient construire, par sa liberté d’association et sa capacité à agglomérer les choses les unes avec les autres, des fragments de mondes composés d’entités interdépendantes : des plantes et des animaux à foison, des minéraux, des nuages et des cascades et occasionnellement quelques figures humaines. Ces sujets ne sont pas isolés mais pris dans des faisceaux multiples de relations, poursuivant la pensée de Tim Ingold, auteur d’Une brève histoire de lignes (1). L’anthropologue considère la vie dans un processus continu, un entrecroisement de lignes et non constitué en séquences ou en ruptures.
Les esquisses sont ensuite juxtaposées, assemblées et transposées en sculptures, peintures, tapisseries ou sérigraphies. Certaines de ces créations ont un caractère utilitaire : il peut s’agir d’assises, de lampes ou de tapis, dans un rapport d’équivalence avec les autres pièces. Ce qui apparaît très clairement quand on regarde et étudie l’étendue de cette production, c’est la liberté et le plaisir revendiqués à faire. En élargissant et mêlant les pratiques artistiques bien-sûr mais aussi en imaginant toujours de nouvelles manières de construire, en dessin et en volume, des mondes en soi, des paysages animés et habités. C’est bien là le sujet des Lamarche-Ovize : la fabrication de paysages émancipés des conventions académiques classiques et ce depuis un point de vue non anthropocentré. Les animaux et les végétaux représentés acquièrent un statut central. Ils constituent des communautés de vie par-delà les antagonismes courants d’intérieur et d’extérieur, de nature et de culture.
La scénographie de l’exposition noue et dénoue les liaisons entre les œuvres, en estompant les polarités dedans/dehors et clos/ouvert. Elle se déploie de manière contenue dans l’espace central du Pavillon, telle un îlot. Elle introduit multiples combinaisons et mises en relation des pièces entre elles au gré des points de vues adoptés et des juxtapositions des différents plans. Les œuvres des Lamarche-Ovize peuvent aussi bien être regardées en regard d’un grand tableau de paysage de Paul Sébillot de la fin du XIXème que d’un ensemble de gravures de Jean Urvoy des années 1970.
Dès lors, l’exposition elle-même invite à faire l’expérience d’un concentré de paysage. Elle est une ode à une nature onirique, luxuriante qui pourtant n’a cessé d’être façonnée, maîtrisée au cours des siècles passés par les humains. L’éclaircie, qui consiste à éliminer une partie des arbres d’une forêt pour permettre le bon développement des autres, en est une illustration. Seulement ici, l’éclaircie est aussi une promesse, elle ouvre un espace d’harmonie entre les mondes où l’humanité est relative ou du moins absorbée. Elle rejoint ce grand palimpseste décrit par Gary Snyder dans La pratique sauvage. Essai en liberté pour une nouvelle écologie (2) : « Le même lieu aura été prairie herbeuse, forêt de conifères, puis hêtres et ormes. Il aura été lit de rivière sur une partie, aura été travaillé et griffé par la glace. Et puis il sera cultivé, pavé, traité, ceinturé, calibré, construit. Mais chaque étape ne dure qu'un temps et ne représentera en fin de compte que quelques lignes sur le grand palimpseste. » Les éclaircies en mêlant et appréhendant, sur une même ligne, des œuvres d’époques et de natures différentes, s’allient à des mémoires vivantes pour tisser de nouvelles relations et en imaginer, désirer d’autres à venir.
L’exposition se prolonge par la projection du film Les bêtes sauvages d’Éléonore Saintagnan et Grégoire Motte. On y suit des communautés d’animaux après leur déplacement de leur milieu naturel par les humains. Le film nous conduit ainsi à Bruxelles pour découvrir les perruches vertes à collier qui ont colonisé les parcs de la ville, à la frontière franco-belge pour tenter de comprendre le développement soudain de la population de renards et enfin en Colombie, dans une reconstitution qui ne manque pas d’humour, pour approcher les hippopotames vivant à l’état sauvage, importés d’Afrique par Pablo Escobar. À travers ces histoires de migrations, Éléonore Saintagnan et Grégoire Motte portent un regard tendre sur la capacité de résilience des animaux mais également inquiet sur notre rapport ambigu et contrarié au sauvage.
(1) : Tim Ingold, Une brève histoire des lignes, Zones sensibles, 2011
(2) : Gary Snyder, La pratique sauvage. Essai en liberté pour une nouvelle écologie, Editions du Rocher, 1999
Pratique
- Exposition du 5 juillet au 21 septembre 2025
- Horaires :
- mercredi et samedi : de 10h à 13h et de 14h à 19h
- jeudi, vendredi et dimanche : de 14h à 19h
- fermé : lundi et mardi
- Entrée libre et gratuite